Eurythmie de la Parole

de 8' à 13'

 

Extraits de plusieurs scènes de la pièce "La Plume de Satan" (13')

 

adaptation du poème de Victor Hugo "La fin de Satan"

Mis en scène par Danièle Léon en 2009.

 

avec par ordre d'entrée: Danièle Léon, Nicolas Luquin, Christina Nidecker, Mia Boutemy

 

0'   Récitant (D. Léon) Depuis 4000 ans il tombait dans l'abîme...

4'   Satan (N.Luquin)  Astre d'or ne me laisse pas seul!

7'   La Plume de Satan (C.Nidecker) devient l'Ange Liberté

8'   La sibylle (M. Boutemy) parle dans sa caverne: eurythmie de la Parole

11' Le Nazaréen (N.Luquin) parle avec elle

 

Pour voir l'extrait de 13'

https://youtu.be/7vwnkKdYqGo

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ou cliquer EURYTHMIE de la Parole dans le menu de l'Atelier du Verbe

 

Voir le dossier de la pièce ci-dessous et dans le menu La Plume de Satan

 

 

 

 

La Plume de Satan

 

Victor Hugo

                                           Durée: 1 heure

 

adaptation
Danièle Léon

 

18 février au 1er mars et 27 mai au 14 juin 2009

Au Théâtre Le Proscenium Paris 11ème 

            

 

 

 

Une autre vision du diable… deux comédiens,

deux danseuses et un pianiste.

 

Histoire d’une rédemption,

adaptée d’un poème de Victor Hugo

 

 

 

La chute de l’Archange déchu et sa rédemption par l’Ange-Liberté

né d’une plume de ses ailes, en huit tableaux 

 

 

 

« La Plume de Satan » est tirée d’un recueil de Victor Hugo écrit dans les premières années de son exil à Guernesey : « La fin de Satan ». Il  est une suite mal connue de  La légende des siècles”.  On l’a retrouvé dans un de ses tiroirs après son décès. A propos de ce vaste poème épique et religieux, Hugo déclare : « Il n’est pas question d’une fin, mais du scandale moral que constituent le châtiment éternel et son corollaire, la pérennité du mal. »

 

 

Le poème  conte l’histoire de la chute de Lucifer, le Porteur de Lumière qui  se prétendit  l’égal de Dieu. Pour sa faute, il fut banni et jeté dans les profondeurs de l’abîme.  Mais une plume se détacha de ses  ailes et ne fut pas entraînée dans la chute. Elle devint  un ange, l’Ange-Liberté, fille de Lucifer. Celle-ci entend  la plainte de ce père banni qui se morfond  depuis des siècles dans son enfer, privé de la Lumière. Son calvaire est celui  du grand exclu de l’Amour de Dieu. L’ange-liberté s’émeut de sa plainte et veut le rejoindre au fond de l’abîme, pour le sauver lui de la damnation et l’humanité du mal qu’il lui fait subir. Elle tente de le convaincre de la laisser faire à sa place. Mais Lilith, l’autre fille de Satan, l’âme noire du monde, lui livre combat…

 

 

1er tableau :     La chute de Satan                  

 

2ème tableau :   La plume de Satan                 

 

3ème tableau :   La Sibylle et le Nazaréen    

 

4ème tableau :   Satan dans la nuit               

5ème tableau :   L’Ange-Liberté

6ème tableau :   L’Ange et Lilith

 

7ème tableau :   Les larmes de l’Ange

8ème tableau :   Satan pardonné

 

 

Note d’intention

 

À partir de 1855, Hugo conçoit sa vision telle qu'il l'annonce dans la préface de la Légende des Siècles : celle-ci n'est que la première partie d'une œuvre immense, dont les deux autres pièces, la Fin de Satan et Dieu doivent bientôt être publiées, mais qui, en fait, sont encore inachevées. Après y avoir encore travaillé entre 1860 et 1862, Hugo n'y reviendra plus, et le poème sera publié de manière posthume en 1886. Au-delà de l'ambition générale manifestée dans la préface de La Légende des Siècles, La Fin de Satan possède une ambition particulière: celle de mêler les âges et de relier la légende à l'histoire récente.

 

Et c’est ainsi que nous avons voulu, à notre tour, nous relier à cette ambition, en extrayant de ce long poème épique des passages particuliers, réunissant des personnages clefs qui en une heure vont mettre en scène devant nous une dramaturgie saisissante d’actualité.

 

L’année 2015 qui s’achève aura multiplié les événements mondiaux témoignant de cette Enigme du Mal qui s’empare des humains d’une manière qui nous paraît inconcevable, c’est-à-dire « inhumaine ». Il nous faut pourtant le regarder en face, nous considérer comme concernés par cette énigme : « Comment un être humain peut-il commettre de tels actes ? ».

 

Cela veut dire, aller jusqu’au bout de notre intuition qu’un Homme en possession de ses facultés « normales » ne peut pas faire ces actes barbares : l’Homme est donc bien un être multiple ; il est habité par des forces diverses qui tantôt le débordent ou bien qu’il maîtrise.

 

Nous savons naturellement ce qui dans un comportement (le nôtre ou celui d’autrui) témoigne d’une maîtrise ou d’un débordement. Et nous sommes chacun confrontés à la nécessité de surveiller cette balance dont l’équilibre n’est jamais gagné d’avance. De se savoir responsable de la tenue de l’équilibre, c’est ce qui fait notre humanité, à la différence des animaux qui sont avant tout livrés à leurs instincts. Cependant ce n’est pas pour autant le résultat qui compte (car le cent pour cent n’est jamais obtenu) mais l’effort, le souhait de progresser, de tenir compte des erreurs du passé ; et aussi le fait de se savoir seul juge pour qualifier nos actes d’erreur ou de réussite ou de mélange des deux. Dans le cas d’une « possession » avérée émanant d’un être qualifié de « déséquilibré », il faut bien se rendre à l’évidence : le « Je » de la personne a été annihilé et pris en otage par une puissance qui n’a pas pour objectif « l’équilibre » et qui le précipite vers l’acte qu’il va commettre dans une sorte de sommeil.

 

Qui est cette « puissance » ? Si nous sommes animés de la nécessité impérieuse de  nous poser la question, cela nous ouvre alors tout un champ de lecture de l’Histoire de l’Humanité.

 

Et c’est ce qu’Hugo a voulu faire avec sa Légende des siècles qui devait se conclure par la fin de Satan. Il s’est intéressé à l’être même de Satan, à son histoire et aussi… à son évolution. Il l’a montré non pas fait d’une seule pièce mais labouré de ses contradictions. Et lui, le prototype du rebelle qui ne veut dépendre de rien, Hugo le montre au moment où il flanche en reconnaissant que lui aussi a besoin d’amour et qu’il s’est mis lui-même dans la situation où plus personne ne peut lui en donner, à commencer par Celui qui dispense cet amour à toute la création. C’est ce qui fera son propre calvaire en même temps que lui-même fait le malheur des humains.

 

La souffrance est la faille dans l’impénétrable incompréhensibilité du Mal. Et c’est ce cri de douleur qu’entend sa fille, celle qui est née d’une plume des ailes de l’archange, qui n’a pas été entraînée dans la chute. C’est la compassion qu’elle éprouve alors pour ce père qui lui fait imaginer l’impensable : faire ce voyage immense vers la nuit de la terre pour aller le retrouver et le convaincre de « la laisser faire » à sa place. Il faut obtenir de lui qu’il lâche, qu’il laisse régner la loi de l’Amour. Sa fille, l’ange-Liberté, agenouillée près de lui, lui parlant dans son sommeil, attend la  réponse…

 

 

Chassé du ciel vers le gouffre ténébreux

où s’enfante la Terre,

 

Satan-Lucifer, archange déchu, devient le tentateur

 

 

                         

                              Mais  une plume de ses ailes

           n’a pas été entraînée  dans la chute...

 

 

et devient l’Ange Liberté,

 

résolue à sauver son père de la damnation.

 

Au bord du gouffre la sibylle...

 

lance ses imprécations,

 

lorsque apparaît le Nazaréen.

 

 

Après s'être glorifié de son pouvoir,

 

Satan se désespère d'être... le grand exclu

 

"Jadis, j'étais l'archange au front splendide...

O sombre éternité, je suis le fils sans père..."

 

La Plume:

 

"Laisse-moi sauver tout, moi, ton côté béni!"

 

 

 

Alors une clarté qu’eut pu jeter un Séraphin,

 

Sortit de ce grand front tout brûlé par les fièvres, …

 

Et l’ange entendit ce mot : « Va ! »

 

 

Après avoir dit oui à sa fille, dans son sommeil,

 

Satan se réveille, au comble de sa plainte :

 

                                           

                         Cent fois, cent fois j’en répète l’aveu,

 

                    J’aime !  Et Dieu me torture…

 

                    L’amour me hait!

 

 

Et Dieu répond enfin : 

 

                    Un ange est entre nous ; ce qu’elle a fait te compte.

 

                    L’homme enchaîné par toi, par elle est délivré…

 

                    Satan est mort ; renais ô Lucifer céleste !

 

 

 

Œuvre inachevée par laquelle Hugo, grâce à son expérience si profonde du pouvoir rédempteur de la compassion, nous ouvre la voie de l’espérance. Il n’y a pas de mur infranchissable. La surface la plus dure ne tient pas devant l’assaut de celui qui n’y croit pas. Le Mal est une provocation à faire surgir l’invention de l’Amour, à faire surgir les ressources les plus profondes et les plus individuelles de l’imagination morale.

 

Le  spectacle  conjugue le théâtre avec l’eurythmie, une danse qui  exprime la  parole et  la  musique  par  les  mouvements  du  corps. L'eurythmie transpose les mouvements imprimés dans l’air par les sonorités en gestes corporels visibles et expressifs. Ces gestes expriment par exemple le caractère sculptural des consonnes et montrent en polarité comment les voyelles résonnent en exprimant des ambiances, des sentiments particuliers. Tous les aspects de la musique, hauteur des sons, rythmes, modes, intervalles, sont également reproduits dans « l’alphabet eurythmique » et chorégraphiés dans des couleurs, des qualités de lumières liées aux ambiances sonores musicales, au sens des paroles qui sont récitées. Cet art nouveau, né au début du 20ème siècle voulait élargir le champ de conscience de notre  réception des sons en réunissant l’ouïe, la vue, le sens du mouvement, le sens de l’équilibre, afin de redonner au langage et à la musique toute la vie qu’ils contiennent. Cet art gagnerait à  être mieux connu et pratiqué, en notre siècle de l’informatique où le langage a continué de dégénérer, de perdre sa vitalité concrète, sa force de communication.                                                                                                    

                                                          

                                      Dossier de la pièce écrit par Danièle Léon 

 

        

Le théâtre met en scène dans  une dramaturgie  l'évolution d'un groupe d'êtres humains confrontés à des événements auxquels ils répondent par des métamorphoses intérieures. Lorsque l’auteur fait intervenir des êtres spirituels, comme c’est le cas dans «  La fin de Satan » de Victor Hugo, le théâtre peut faire appel à un autre art de la scène, l’eurythmie. Les êtres spirituels peuvent ainsi apparaître dans notre monde au moyen de l’art. Lorsque les pieds parlent en rythmes, que les bras chantent les sons, que la tête donne sens et que  le corps entier montre les images en métamorphoses incessantes, alors la parole qui retentit est en même temps visible et il se peut que nous soyons  pris par un ébranlement intérieur nous faisant pénétrer dans une autre dimension d'être.  La musique nous y conviera elle aussi.

 

Mia Boutemy  (eurythmiste dans le rôle de la Sibylle)