Dans le 2eme acte
Maud s’entretient avec son frère au téléphone entre deux répétitions de Festen (qui, annonce-t-elle, sans citer le nom de la pièce, devra être joué en tournée en 2018-2019). Elle lui dit comment elle ressent son décalage avec la troupe à cause de son lien « existentiel » avec ce que la jeunesse des années soixante a ouvert dans les consciences en révélant l’abêtissement collectif de la société de consommation, contre lequel seul le réveil du génie individuel peut permettre d’ouvrir une autre étape.
Maud est restée complètement fidèle à ce projet tout au long de sa vie, alors que le mouvement lui-même n’a pas donné lieu au renouveau espéré. Mais cinquante plus tard, elle sent que le moment est venu de remettre ses valeurs à l’ordre du jour dont le thème principal est celui du lien entre l’individu et le collectif
Pierre, un des comédiens de la troupe est entré pour la prévenir que la répétition était reportée au lendemain. Ce qui lui permettra d’entendre ce qu’elle raconte à son frère, qui alimentera ensuite leur dialogue dans les scènes qui suivront.
L’eurythmie
Un art du mouvement qui traduit les paroles en gestes exprimant le sens profond des mots et de leurs sonorités, représentant visuellement ce qui est éprouvé. Sol et Luna évoluent eurythmiquement en représentant ce qui est dit d’un côté par Anne (pour Luna), de l’autre par le récitant (pour Sol).
Les personnages
Florence :
Auteur d’un scénario féministe qui vient d’être joué sur une scène de théâtre, elle a voulu témoigner de l’enfermement des femmes dans des comportements et des conceptions inculquées dès l’enfance.
Pour elle, « se libérer », c’est d’abord soulever la chape de l’autocensure, des culpabilités, des devoirs et des servitudes, pour reconnaître la légitimité de ses désirs propres, ouvrir ses propres territoires sans qu’ils soient balisés par les limites d’un rôle préétabli, dont les schémas sont colportés par la tradition.
Anne :
Elle a vu la pièce de Florence la veille et a été touchée par son témoignage où elle reconnaît ses premières prises de conscience. Mais elle ne peut se contenter de ce cri de révolte dans lequel elle décèle une vision à courte vue de ce en quoi les femmes sont « opprimées ». Pour elle le féminisme « officiel » qui revendique l’égalité des femmes cache une non-reconnaissance de la vraie nature de l’élément féminin et du rôle qu’il peut jouer pour transformer nos mentalités, autant celle des hommes que celles des femmes. 2
A ses yeux, il ne s’agit pas tant pour les femmes de « se » libérer en revendiquant les mêmes droits que les hommes, que de prendre conscience de ce que leur expérience de vie en tant que femmes a de précieux pour imprimer d’autres valeurs à nos sociétés.
En voulant montrer à Florence en quoi ce qui se joue entre l’homme et la femme n’est pas seulement l’effet d’une influence culturelle perpétuée par une tradition obsolète, Anne fait émerger deux personnages : Luna et Sol.
Luna :
Personnage archétype qui représente le Féminin en tant que principe de légèreté, de fluidité (non soumis à la pesanteur), d’intériorité gardienne du souvenir comme source de la vie des sentiments et du tact dans les relations. Il représente cette part de la conscience qui est capable de se mettre à la place des autres, parce qu’elle vit dans le monde des archétypes, des imaginations qui précèdent les pensées, monde où puisent les artistes.
Sol :
Personnage archétype qui représente le Masculin en tant que principe d’incarnation, d’extériorité, de projection vers l’avenir, avec la motivation de relever par soi-même des défis, de se confronter, en concurrence avec les autres. Il est le complément indispensable au Principe-Luna mais ne doit pas oublier, dans sa précipitation réalisatrice, qu’il en est dépendant pour se resourcer, se remettre en question, apprendre à tenir compte de la diversité des points de vue.
Maud et Pierre :
Sont tous les deux comédiens dans la pièce citée au 2eme acte, qui conversent entre deux répétitions, à partir du témoignage de Maud au sujet de son expérience du mouvement de 68.
L’axe central de leurs considérations tourne autour de la question de la parole et de leur expérience de ce qui fait qu’elle devient vivante en créant une sphère de communication avec le public qui n’a plus rien à voir avec une démonstration intellectuelle.
Epilogue
Hiver 1804 « Le regard d’une inconnue »
lorsque son ami Franz vient lui rendre visite
et finit par le convaincre que ses élans amoureux toujours déçus
ont leur vraie finalité dans la création de sa musique.
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« La Beauté règne partout sur la terre »
Poème Final dit par Maud